30 septembre Abbadia San Salvatore

Comme j’ai une rude journée au programme, je démarre à six heures. Il fait encore nuit.

Ma frontale m’est bien utile, plus pour être vu que pour voir, car il y a du monde circula sur ces steratas avant le lever du soleil.

C’est du haut des collines que j’ai le plaisir de voir les couleurs du petit jour.

Bagno Vignoni est connue depuis l’époque des étrusques pour ses sources d’eau chaude. Au centre du village se trouve un grand bassin d’une eau dont s’échappe de la vapeur alors qu’en surface éclatent de temps à autre de grosses bulles.

Beaucoup de restaurants, bien sûr fermés car il n’est que sept heures, mais pas un seul bar! Comme c’est la seule agglomérations que je traverserai aujourd’hui, mon café est à l’eau, chaude.

Un peu plus loin, le pont qu’emprunte le chemin est barré, tout simplement! Je consulte mon application, le détour représente deux à trois kilomètres, ce que je n’ai pas envie de rajouter à une journée déjà longue. Alors, et bien oui, je passe au dessus des barrières et je traverse, sans encombre.

Et ça grimpe à nouveau.

J’ai l’impression de m’enfoncer dans un désert. Au loin des villages, mais ils restent très distants.

Le chemin passe parfois à côté d’une ferme, le plus souvent abandonnée, comme cette petite chapelle dédiée à San Pelegrino.

Après 22 km, j’ai le choix entre deux possibilités. Soit aller à gauche vers Radicofani, à 8 km, sur l’asphalte, soit prendre vers la droite en direction de l’Abbadia San Salvatore, 13km.

Je me suis laissé tenter par ce dernier itinéraire. Il a été tracé par le Club Alpin Italien. Et j’aurais dû plus me méfier. Les alpinistes sont une variété de masochistes qui recherchent les sentiers les plus pentus, pour accumuler les dénivelés. Ils aiment les passages difficiles et les rocailles.

Et je vais être servi ! Ces dernières photos illustrent la première montée, face à la pente, quasi tout droit jusqu’en haut. Puis on redescend pour mieux remonter par de mauvais chemins, très caillouteux et mal dégagés. Je dois souvent m’arrêter pour retrouver mon souffle. Ma gourde est vide.

Lorsque je débouche du bois dans la petite ville, je suis en nage, assoiffé, essoufflé, mes genoux tremblent, mes bras sont fatigués de pousser sur mes bâtons et mes jambes portent les traces des ronces.

Je récupère d’abord une bonne demi-heure sur un banc à côté du premier robinet rencontré. C’est sûrement une des étapes les plus dures de ce trajet.

Après un peu de repos, rehydratation et une bonne douche, je fais ma petite visite de la ville.

Cette abbaye fut entre les X et XIII ième si siècles une des plus puissantes d’occident avant de perdre ses soutiens et péricliter. Son église n’a plus qu’un rôle paroissial.

Elle a perdu beaucoup de ses richesses mais conserve de magnifiques reliquaires et surtout…

Une saisissante crypte du VIII ième siècle dans un état de conservation incroyable. Elle date de la création du lieu. Un moment émouvant.

Les bâtiments du monastère ont été intégrés dans le village.

À deux cent mètres, je visite la petite ville médiévale qui me fait penser au castrum de Belvès. Bien peu de lumière dans ses ruelles étroites.

Justement, deux personnes installent des guirlandes lumineuses en prévision d’une fête.