La météo me promet une journée grisâtre. Mais à mon départ, les rares nuages présents, au contraire, sont là pour colorer le ciel.
Encore un pèlerin sur un rond-point. Celui-là m’indique la rue de Compostelle, qui me permet de quitter le petit Bourg de Taller. 
Bien vite, je rejoins le Chemin des Caminayres, le chemin des chemineurs, le chemin des marcheurs et il va me mener jusque Goubera, à 10 km à vol d’oiseau. Depuis un moment, j’ai compris que dans les Landes, cette distance correspondait également à celle des pèlerins. 
Ceci dit, en ce petit matin, je ne suis pas tout seul dans ces bois. Tout d’abord, j’ai l’occasion d’observer un nombre inhabituel de chevreuils, trois isolés et, un peu plus tard, un couple. Ensuite je distingue de loin des petites silhouettes qui s’agitent devant moi. En m’approchant je me rends compte que ce sont des poules. Il y en a des centaines, sur le chemin et autour. Je compte douze de ces cabanes qui sont autant de grands poulaillers. Et zéro clôture. 


Lorsque je passe à côté d’un champ de maïs, l’horizon se fait plus lointain et je distingue une ligne d’un bleu un peu plus sombre. Pour la première fois, j’aperçois les Pyrénées.


A la sortie de Gourbera, je suis rattrapé par une pèlerine cycliste toute heureuse de rencontrer un collègue. Depuis plusieurs jours, tout comme moi elle se sent seule sur le chemin. Dans la conversation, j’apprends qu’elle est diabétique. Elle voyage avec son insuline dans une glacière et doit se faire quatre injections par jour. Tout cela me semble compliqué à gérer, mais visiblement ce n’est pas le cas pour Martina.
Nous devons nous séparer, car les flèches me font entrer dans la forêt par un chemin que son vélo ne supporterait pas. C’est un de ces chemin sablonneux où on a l’impression de progresser comme sur une dune.


L’arrivée en ville par Saint-Paul-les-Dax est un contraste avec assez brutal. Si ça continue comme ça, je vais vite regretter les lignes droite et les pins !
On peut être pèlerin et un reconsidérer ses opinions, non?
Dax est connue pour ses sources d’eaux chaudes aux vertus thérapeutiques depuis bien plus de deux millénaires. C’est encore aujourd’hui la première ville thermale de France. Outre ce monument central il y a un grand nombre d’établissements proposant des soins thermaux et beaucoup d’hôtels. Mon préféré est le Splendid. C’est le premier bâtiment blanc qu’on rencontre en traversant l’Adour. D’un style proche de l’art-déco, il a été rénové récemment.
C’est aussi une ville taurine avec d’importantes arènes. 
Ça sent déjà un peu l’Espagne, vous ne trouvez pas? En principe, je suis sorti des Landes et je vais tout doucement aborder le Pays Basque avec ses frontons, sa langue incompréhensible, ses spécialités gastronomiques et ses reliefs !
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