Le très ancien hôpital des pèlerins de Pons était situé extramuros. Comme souvent, il a eu bien d’autres fonctions depuis le Moyen Âge. On y a, par exemple, confiné les pestiférés et plus tard il a servi pour y exclure de la ville les pauvres « irrécupérables».

La météo annonçait une journée nuageuse, mais je ne m’attendais pas à ce que ces nuages traînent aussi bas.
Mais grâce à eux, je bénéficie d’un lever de soleil fantomatiquement beau.
J’entends des bruits de voix et des aboiements nerveux dans le champ à côté de moi. Progressivement, les silhouettes se détachent dans la brume. Ouf, si ce sont des chasseurs, ils ne sont pas armés.
Comme souvent, le tracé balisé louvoie pour nous éviter de devoir emprunter une nationale aussi dangereuse que désagréable à fréquenter. Les voitures utilisent donc le tracé le plus court, 25 km pour le trajet de ce jour, alors que le marcheur lui, à cause de ces zigzagues, devra en parcourir une trentaine.
Après Béluire, je croise un promeneur qui me conseille de faire attention, car des battues sont organisées un peu plus loin. J’entends effectivement des aboiements sur ma droite ainsi que des sons de cors et quelques détonations Quelques minutes plus loin, je rencontre une sentinelle qui a choisi ce samedi matin de se livrer à son curieux hobby. Au moins envers moi il a pas l’air hostile. 

Cette partie du GR 655 a été baptisée Via Sancti Martini. Mais non, il ne s’agit pas de l’apéritif, mais de Saint-Martin de Tours.
Le tracé a la bonne idée de varier : bitume, herbe et pistes gravillonnées, entre champ de céréales, vignes et petits bois.
Toujours aucun collègue à l’horizon. Par contre, j’ai retrouvé le soleil et ça, ça me fait bien plaisir. 
Saint-Genis-de-Saintonge. Je rejoins la nationale pour traverser avec elle ce premier village.
Ensuite je retrouve vite de beaux et calmes chemins. Hier, en étudiant le trajet, j’ai repéré un endroit où j’aurais aimé faire ma pause de ce midi. Il s’agit de l’ancienne abbaye de La Tenaille. Elle fût autrefois un lieu de pèlerinage important puisqu’elle possédait deux prestigieuses reliques. Imaginez : un clou de la crucifixion et surtout la tenaille qui avait permis de le retirer. L’histoire de la fin de l’abbaye me semble intéressante. Au XVIe siècle, constatant que les moines de La Tenaille étaient devenus de vrais brigands, terrorisant les campagnes et fréquentant les lieux mal famés, le parlement de Bordeaux demande à son abbé de la réformer. Mais ce fameux abbé était un enfant de 10 ans! Il avait hérité cette charge de son oncle. Quelques années plus tard, une troupe de protestants le chassa avec les huit derniers moines et saccagea les édifices. Malheureusement, maintenant ce lieu est devenu le Château de La Tenaille, privé, et votre pèlerin n’a pas pu s’y arrêter.
Au lieu dit Chez Giraudeau, je me fais attaquer par un fox à poil dur. Un homme d’une cinquantaine dans une salopette déchirée lui court après pour l’attraper. Et les voilà occupés à tourner autour de moi, l’un aboyant et l’autre lui criant des grossièretés. L’humain essaye de frapper le chien, de le shotter, bref, de le maltraiter. Il fini par le choper et j’entends le pauvre chien japper de douleur pendant que je m’éloigne.
Mais ensuite, impossible de retrouver une balise. Je consulte l’application et en principe je devrais retourner vers mon agresseur et son triste propriétaire. Il n’en est pas question. Je ne trouve pas d’autre solution que de couper à travers ce champ moissonné jusqu’à retrouver le tracé visible sur l’app. 
Tout doucement le sentier se rapproche de la grand-route pour entrer dans Mirambeau.
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