24 Septembre Saint-Jean d’Angély

À mon départ, le soleil se lève spécialement pour m’envoyer un petit encouragement chaleureux.

Et c’est reparti pour une journée qui devrait ressembler à celle d’hier. La même météo avec nuages et fraîcheur, de larges pistes dans un paysage champêtre aux faibles reliefs et les bornes ornées d’une coquille pour faciliter chemin. Pour mon plus grand plaisir. Le tracé me mène par des calmes hameaux et des petits villages. À Paillé différentes maisons sont décorées d’une ferronnerie en l’honneur du chemin.J’ai rencontré Élodie, avec sa grande cape rouge. Elle vit en Ardèche, et profite de la fin d’un stage de nourriture aux fruits secs pour faire un bout de chemin. Elle n’avance pas très vite et m’explique qu’elle porte des « chaussures pieds nus ». Elles sont très fines et les orteils y sont découpés. Si elle marche plus vite, elle ressent un échauffement, si elle marche dans l’herbe humide, ses pieds sont immédiatement mouillés et si elle marche sur un chemin caillouteux, elle ressent chacun d’eux. Si en plus je vous dis que leurs semelles n’ont aucun relief et donc qu’elle glisse dès qu’il y a de la boue, vous comprendrez que je ne suis pas très convaincu de leur utilité. Radio Camino ayant bien fonctionné, elle a déjà entendu parler de moi par Abi et par Bernard. Elle a retenu que j’étais belge et que j’étais médecin. Subitement, elle me dit « je dois t’avouer quelque chose ». Elle a refusé les vaccins contre le Covid. Et plein d’émotions, elle me sert pendant une demi-heure des théories anti vaccin. Saint Vivien est la seule petite église d’un village nommé Les-Eglises-d’Argenteuil. Nous y retrouvons Bernard qui revient sur ses pas pour récupérer son bâton. Au dialogue qui se passe alors entre mes deux compagnons de chemin, je comprends que la soirée précédente a été compliquée dans le gîte où ils ont séjourné avec deux autres couples. Élodie s’est retrouvée seule à argumenter ses points de vue face au reste du groupe peu tolérant. Enfin, dans ce lieu saint, ces deux pèlerins se pardonneront l’un l’autre. Après un petit café de la paix en leur compagnie, je m’éclipse pour bien profiter du calme du chemin.

Si vous savez comment je suis envieux de cette prairie fleurie.

L’herbe, contrairement aux derniers jours, n’est pas mouillée et je risque aujourd’hui d’arriver les pieds secs.

À l’entrée de la ville, je suis abordé par une conductrice qui sort d’un garage. C’est une angérienne, c’est ainsi qu’on appelle les habitantes d’ici, elle est une pèlerine chevronnée et elle se présente comme « l’encyclopédie vivante du chemin ». Toujours à son volant, elle se propose de répondre à toutes mes questions. Euh… C’est que je n’en ai pas en stock, là, pour le moment.

Enfin, je suis quand même taraudé par une question. Au vu de la prévalence de compostellite chronique parmi les marcheurs rencontrés, j’aimerais mieux comprendre comment il se fait que le camino est si addictif. Il faudra que j’étudie la question, scientifiquement si c’est possible.

J’en profite pour vous glisser la photo de l’Abbaye Royale. Les bâtiments conventuels ont été récupérés par la ville pour leur donner une destination artistique, musée numérique, académie, ou médiathèque comme ici dans le beau ancien réfectoire.

C’est aussi dans ces beaux bâtiments qu’a pris place le gîte communal.

Mais il y a une autre vedette en ville, une auto-chenille Citroën de 1922, la première à avoir traversé le Sahara. Elle est exposée au musée des Cordeliers. Il y a également un monument et une fresque en son honneur et celui de Louis Auduin-Dubreuil, natif de Saint-Jean d’Angely et chef en second de cette expédition ainsi que des deux suivantes, la Croisière Jaune à travers l’Asie et la Croisière Noire à travers l’Afrique. Des aventures qui ont marqué l’histoire de l’automobile.

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