03 Octobre Le Muret

Hier soir, Marie-Josée et moi avons partagé bien plus qu’une pizza. J’ai pris, je crois, une leçon de vie avec cette grande sœur du Chemin.

Rencontré hier sur le chemin. Le hasard ?

Elle est née très prématurément pendant la dernière guerre, dans un petit village perdu des Hautes-Alpes, coupé du monde par une avalanche. Ses parents quasi analphabètes pratiquaient encore un genre de transhumance. De ce fait, elle n’a rencontré l’école qu’après ses sept ans. Et encore, elle ne la fréquentait que quelques mois par an. Ce qui n’a pas empêché de devenir ingénieure. Comme elle vit près de Saint-Michel-l’Observatoire, en Haute Provence, elle s’est intéressée à l’astronomie et sa passion, ce sont les exoplanètes. Parmi ses expériences du chemin, elle a de nombreuses fois participé aux activités de son association qui consistaient à accompagner jusqu’à Compostelle des personnes en situation de handicap.

Quand je dis ma grande sœur…

Elle est déjà prête et moi je suis à peine levé!

La journée d’hier a été éprouvante pour elle qui essaye de limiter ses étapes à maximum 20 km sur une journée. Mais ici, on n’a pas toujours le choix, les logements sont plus rares.

Les 16 premiers kilomètres se feront le long de trois longues lignes droites, sous forme d’un Z étiré. Eh, oui, les Landes! J’ai bien peur de ne pas pouvoir vous envoyer des photos très divertissantes.

Je rattrape Marie-Josée et je lui dis au revoir puisqu’elle s’arrêtera une dizaine de kilomètres avant moi.

Et, étrangement dans ce paysage qui peut sembler assez morne, sous ce ciel grisâtre, dans ce silence, je me ressens de la joie.

Le Chemin m’apporte souvent ce sentiment mais aujourd’hui, je pense que toute la positivité transmise par cette si sage marcheuse n’y est pas étrangère.

Belin-Béliet est le bon endroit pour faire quelques achats pour le lunch. Ce village est situé le long de la route qui mène à Biscarrosse, son lac, sa plage. J’ai dû passer par ici il y a 37 ans. 

Autrefois, cette croix était entourée de marécages. C’était une croix de sauveté et le pèlerin devait être soulagé de la voir car elle indiquait la proximité du prieuré de Mons où il pouvait être accueilli en sécurité. Il ne reste du prieuré que cette très jolie église Saint Pierre.

Après y avoir dégusté le lunch, je reprends ma marche. Plus que deux lignes droites d’environ cinq kilomètres chacunes. Si vous voulez vous faire une idée du décor, reportez vous aux images de ce matin, c’est kif.

Je suis quand même content d’arriver chez Hugues qui m’hébergera aujourd’hui.

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