02 Octobre Le Barp

À ce stade, je dois vous confier que je redoute un peu le trajet des six prochains jours. Il va falloir faire une traversée en apnée de la forêt des Landes de Gascogne jusque Dax. Pour en avoir fait expérience sur la voie de Vezelay, je sais que le paysage est peu varié, que les agglomérations y sont rares et donc les possibilités de trouver un logement et de l’alimentation également.

D’un autre côté, je suis également heureux de pouvoir vous dire que ce que cette étape m’a réconcilié avec les pèlerins. J’étais resté sur une mauvaise impression avec ces polluantes discussions sur les mesures contre le Covid. Mais depuis j’ai rencontré Marie-Josée.On s’affaire dans les vignes de Léognan (Château Roquencourt)

Voilà un personnage que je garderai sûrement dans ma mémoire. Pensez, cette alerte et pétillante personne avec qui j’ai passé la nuit dernière au Prieuré de Cayac a douze petits-enfants et deux arrières petits-enfants. Elle ne fait vraiment pas ses 82 ans. 

Elle parcourt les Camino depuis 2004, et est très fière de dire qu’elle et son bourdon, son bâton de pèlerin en ont parcouru plus de 8000 km.  Parmi ses particularités, elle dit ne pas savoir consommer de l’eau froide. C’est donc avec un Thermos contenant un café très très dilué qu’elle démarre sa journée. Même s’il fait caniculaire.

Le lac BleuD’accord, on va être vigilants… Mais ensemble avec qui ? Avec le gibier ? Je ne dois plus vous détailler l’ambiance sonore, vous connaissez déjà.

Château de Léognan, je me demande si je ne vais pas déposer mon sac ici? Hôtel, restaurant, spa et Wine Shop. Why utiliser l’anglais, c’est plus smart ? 

La route traverse la forêt, où on fait bien peu de rencontres.

Le seul hameau que je traverserai aujourd’hui, c’est Peyon. Pas un banc, pas de robinet non plus, passons.

Et là, très nettement, je suis arrivé dans les Landes.

Une piste rectiligne interminable, où j’avance sans aucun repère.

Enfin j’arrive sur une route, la voie prend un nom d’allure familière. Puis se poursuit toujours tout droit sans qu’on puisse en voir la fin.

Une dizaine de kilomètres plus loin, le balisage veut m’entraîner tout droit mais mon application m’indique à droite vers Le Barp. Je suis l’app qui me semble plus directe.

Au début tout se passe bien

Mais après deux kilomètres, j’arrive sur une zone qui a été déboisée il y a un ou deux ans. Et en même temps que les arbres, on a retiré le chemin! Le terrain est complètement labouré par les engins de débardage.

Comme je n’ai pas envie de revenir sur mes pas, il ne me reste qu’à avancer à l’azimut à travers un paysage de savane. Cela va me prendre près d’une heure avant de retrouver un semblant de sentier puis une route. Je suis enfin arrivé au Barp! Je commence par prendre un peu le frais à l’ombre de l’église.