J’ai encore vécu une chouette étape dans cette banlieue de Bordeaux. J’y étais accueilli par Claudine. Comme elle est pèlerine, nous avons bien sûr échangé sur nos chemins. Mais j’ai surtout été très intéressé par sa longue expérience d’hypnotherapeute, moi qui ai suivi la formation, mais qui ai très peu pratiqué.
Depuis l’église du Bouscat, je rejoins tout droit, le rond-point des pèlerins, et ensuite la très longue rue de Tivoli  qui me mène en une heure jusqu’au cœur du Bordeaux historique.
C’est presque une journée de repos aujourd’hui puisqu’elle compte moins de 20 km. Elle sera surtout consacrée à la visite de la ville. 
On l’appelle le palais Gallien, mais en fait ce sont les vestiges des arènes gallo-romaines. Tombés dans l’oubli, au XIIIième on les a attribués au palais imaginaire d’un empereur antique. 
Le jeu de piste a pris la forme de clous fixés au bord des trottoirs. Il m’entraîne vers la Basilique Saint Seurin. L’extérieur ne m’attire pas tant il est fait d’un mélange de styles mais l’intérieur est extraordinaire, justement à cause de son ancienneté et les strates historiques qu’on peut y observer.
Et c’est dans cette rare crypte du Ve siècle, que je tombe nez à nez avec Marie-Josée, une pèlerine de petite taille, que j’ai déjà entraperçue avant-hier. Nous nous retrouverons sûrement ce soir et demain soir aux gîtes.
Les clous me font maintenant passer les portes de la ville pour y suivre un tracé jacquaire, forcément religieux. J’arrive devant la très vaste et très gothique, cathédrale Saint-André. Remarquez au passage le tram, aux allures de cyclope, son coup de cloche résonne partout dans la ville. C’est ici qu’ont été célébrés des mariages qui ont marqué l’histoire européenne. D’abord celui d’Alienor d’Aquitaine avec Louis VII, dont la dissolution a été à l’origine de la guerre des Cent Ans. Ensuite celui de Louis XIII et de l’Infante d’Espagne Anne d’Autriche, 14 ans tous les deux. En parallèle s’y est tenu celui de leurs frère et soeur, Philippe II d’Espagne avec la princesse Élisabeth de France.
La très belle et très symétrique place de la Bourse derrière son miroir d’eau. Les bâtiments classiques de la ville datent de l’époque où elle profitait de la lucrative traite négrière.

Avant de quitter la ville, un moment de recueillement, pendant que je savoure sa spécialité, le cannelé. Mmmh! Je sors dans le quartier, l’université, disons un peu moins propre ou un peu plus tagué. Décidément, Bordeaux aime les portes monumentales.
Et l’après-midi se passe un peu comme la matinée. On emprunte la rue d’Argonne, qui, même si elle change plusieurs fois de nom, nous mène tout droit à Gradignan. Mais cette fois il faudra plus de deux heures et j’utilise de préférence sur le trottoir de gauche qui peut offrir un peu d’ombre.
Et voilà le prieuré de Cayac, où un pèlerin semble m’attendre sur un banc. Construit pour servir de halte pour les marcheurs vers Compostelle au XIIième, la municipalité a eu l’excellente idée de lui redonner ce rôle.