18 Septembre Naintré

Annie et Daniel m’ont reçu comme si j’étais leur vieil ami, tutoiement  compris. Ils ont une façon si enthousiaste de vous présenter leurs productions ainsi que les pépites gastronomiques de la région qu’il est impossible de refuser de les savourer. Je dois  avouer que je n’ai pas beaucoup résisté non plus. Du vin de cerise maison aux neuf sortes de fromages de chèvre en passant par le parmentier de sanglier, la soirée fut instructive. Et ce matin, j’ai bien dû goûter à la tourte au fromage, au brisé, et aux confitures de mon hôtesse. De plus, ils offrent tout cela en mode donativo. C’est une coutume du chemin qui tend à se perdre. Elle donne la possibilité au pèlerin de contribuer par le montant qu’il estime en fonction de ce qu’il a reçu et de ses possibilités financières.

Si j’ai savouré cette soirée, la chaleureuse compagnie et l’excellente table, je ne pense pas que ma balance apprécierait une quarantaine d’étape comme celle-là. En tout cas, pour dépenser quelques-unes des calories de ces délicieuses « viennoiseries »je ne connais pas beaucoup d’activités plus agréables qu’une promenade matinale dans cette belle Vienne embrumée. Ça commence à sentir l’automne. 

À Buxière, une autre chapelle, romane a été  » privatisée » à la révolution. Elle sert de réserve à bois de chauffage à Monsieur et Madame Barrière.

Dangé-Saint-Romain est un village bien paisible même si la D910 la traverse. Avant, cet axe était appelé route d’Espagne. Et c’est bien dans cette direction que je marche.

Ce matin, pas de chemin, que de la route. Mais au moins elle est très calme, quasi pas de trafic. Plein soleil et la température commence à grimper. On annonce 27° cet après-midi et plus de 30° demain. Un arrière goût d’été ?

J’arrive à Châtellerault, par la, prévisible et moche, zone industriello-commerciale. Ici, le chasse-neige-épandeuse est déjà prêt. Le blizzard sera-t-il si précoce ? Un avant goût d’hiver.

En tout cas, ici comme dans toute la France, la période s’annonce chaude. Et je ne parle pas de la météo cette fois, mais du climat social.

Je m’empresse de rejoindre les rives de la Vienne où une piste cyclable me conduit tranquillement jusqu’au centre-ville. Je vais bien sûr y saluer Monseigneur Saint Jacques.

La jolie église romane présente une des plus belles représentation du saint. La statue polychrome date du XVII ième.

Le pont Henry IV et l’hôtel de Sully, le compagnon d’armes et ministre du précédent.

Puis un banc à l’ombre avec une belle vue sur la Vienne pour y manger mon sandwich.

L’après-midi, je continuerai à remonter la rivière sans en apercevoir autre chose que des reflets à travers un rideau continu d’arbres.

Je n’ai pas rencontré de point d’eau dans la ville et je n’ai plus qu’un fond de liquide chaud dans ma gourde. Lorsque je passe devant l’entrée du camping Le Chillou, son propriétaire, qui a du m’entendre penser de loin, me propose spontanément de me ravitailler en eau fraîche !

Je n’ai rien oublié ?

Je traverse la Vienne pour atteindre Cenon, c’est la dernière fois que je la vois. Le coiffeur ici a choisi un nom original, Diminu’Tifs.

Après avoir fait connaissance avec Le Clain que je suivrai demain, ne suis pas mécontent d’arriver à Bouchot Marin, un hameau de Naintré.

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